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LES HÉRÉSIES CHRÉTIENNES
Qu’est-ce qu’une hérésie ? Étymologiquement (airesis en grec, choix ou objet choisi), c’est une préférence, un choix opéré au sein de la doctrine. Pour les catholiques, c’est, de la part des baptisés, le refus délibéré d’une proposition de la foi définie par l’Église comme vérité révélée. Le Catéchisme de l’Église catholique la définit en ces termes : « L’hérésie est la négation obstinée, après la réception du Baptême, d’une vérité qui doit être crue de foi divine et catholique, ou le doute obstiné sur cette vérité. » Elle ne doit pas être confondue avec l’apostasie (rejet total de la foi) ni avec le schisme (refus de la soumission au Pape). Mais les hérésies, qui ont jalonné l’histoire de l’Église en l’obligeant sans cesse à approfondir la connaissance de la vérité révélée, ont été en fait à l’origine de beaucoup de divisions et séparations. Selon Jean-Marie Salamito, professeur d’histoire du christianisme antique à l’université de la Sorbonne, « l’hérésie naît d’une volonté de mettre en lumière un aspect de la foi qu’on estime mal compris. Dans bien des cas, l’intention est légitime, mais l’hérésie se développe parce que cet aspect est traité de manière unilatérale. » Aussi, un hérésiarque est le fondateur d'une groupe hérétique ou propagateur d'une théorie hérétique.
Les principales hérésies chrétienne
Nazaréisme, Ier siècle
Tout en reconnaissant que
Jésus-Christ est le Fils de Dieu, les adeptes de ce mouvement (appelés les "Nazôréens) accomplissent scrupuleusement les prescriptions de l'ancienne Loi, dont les chrétiens ont appris, à l'école
des Apôtres, à comprendre le sens spirituel, et à en délaisser l'observance charnelle.
Marcionisme, Ier siècle
Courant hérétique de l'Église
primitive, elle considère que le Nouveau Testament ("d'un dieu bon") vient abolir l'Ancien ("d'un dieu mauvais").
Encratisme, Ier siècle
Désigne les partisans de la continence et de l'abstinence rigoureuse:
ils condamnent le mariage.
Subordinatianisme, I/IIe siècle approximativement
Subordonne le Fils au Père dans la Trinité.
Gnosticisme, II siècle
L'âme est prisonnière du monde matériel et doit s'en libérer par la connaissance (ou "gnose").
Le gnosticisme désigne un ensemble
d'hérésies (qui sont très nombreuses).
Le docétisme gnostique, IIe siècle
Vient du grec « dokein » (apparaître, sembler) :
désigne un ensemble d'idéologies hérétiques qui affirment que le corps de Jésus est une apparence, que sa Passion et sa mort ne sont pas réels. Une autre doctrine est issue de cette hérésie: le
valentinsime, d'après celle-ci
: le corps de Jésus serait venu du ciel au travers de Marie : elle ne l’aurait pas « engendré » réellement, mais aurait seulement été un canal par lequel le corps très spécial du Christ est
descendu. Ainsi, le Christ a un « corps sidéral », d’une autre matière que le nôtre.
L'Ébionisme et l'Adoptionnisme, I-IIe et IIIe siècle
L’ébionisme tire son nom de l’hébreu « ebionim »
(les pauvres): Jésus-Christ serait un pur homme, né de Marie et de Joseph, élevé au rang du Messie par une illumination du Saint-Esprit. L’adoptianisme, qui en est issu, tient que Jésus, simple
homme, aurait été adopté par Dieu lors de son baptême au Jourdain (« celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis toutes mes complaisances, écoutez-le »).
Montanisme, IIe siècle
Prône le prophétisme et rejettent la hiérarchie ecclésiastique. L'hérésie
exige de ses fidèles un comportement moral et rigoriste
Origénisme, IIIe siècle
Dû à Origène (v185-v253). Affirme que les âmes préexistent à la naissance
des Hommes.
Manichéisme, IIIe siècle
C'est un syncrétisme du zoroastrisme, du bouddhisme et du christianisme,
vivement condamné par ce dernier.
Sabellianisme ou Modalisme, IIIe siècle
Dû au moine Sabellius (IIIe siècle). Cette doctrine considère que le Père,
le Fils et le Saint-Esprit sont différents "modes" ou aspect de l'être divin, plutôt que trois personnes distinctes
Apollinarisme, IVe siècle
Soutenue par Apollinaire évêque de Laodicée, cette hérésie considère que Jésus est bien Dieu, mais qu’il n’aurait, quant à son humanité, qu’un corps et non une âme. S’il avait eu une âme humaine, la volonté de cette âme humaine serait entrée en conflit avec le Verbe de Dieu.
Arianisme, IV siècle
Dû à Arius d'Alexandrie (280-336). Nie la divinité du Christ; le fils de Dieu, qui s'est incarné en Jésus, n'est pas éternel ni égal à Dieu le Père. Plusieurs dogmes en sont issus:
L'Homoiousisme, qui considère la divinité du Christ mais moindre à celle du Père.
L'Homéisme, le Fils n'est que semblable au Père en toute chose et affirme l'inégalités des Personnes de la Trinité.
Et l'Anoméisme, qui considère une
différence radicale entre le Père et le Fils.
Nestorianisme, IVe siècle
Dû à Nestorius (428-451),
patriarche de Constantinople. Voit en Jésus un être double: une personne humaine dans laquelle le Verbe divin habite comme dans un temple. Pour lui, Marie est la mère de l'homme Jésus, non la
mère du Fils de Dieu.
Messalianisme, IVe siècle
Occulte et mystique, les adeptes de ce mouvement hérétique prétendent
expérimenter la présence divine par des danses et des transes.
Pélagianisme, IVe siècle
Dû à Pélage (v.350-v.420). Cette doctrine hérétique insiste sur
l'efficacité de l'effort individuel pour assurer son salut et nie presque totalement l'action de la grâce divine.
Monophysisme, Ve siècle
Le Christ n'a qu'une nature:
divine, il n'est donc pas pleinement homme.
Monothélisme, VIIe siècle
Prône l'existence d'une seule Volonté divine
au travers de Jésus Christ.
Iconoclasme, VIIIe siècle
Rejettent fortement le culte des
images
Catharisme, Xe siècle
Oppose le Dieu de l'Ancien
Testament, qui serait en réalité le diable, à celui du Nouveau Testament. De ce fait, toute la création, y compris la chair, est une oeuvre démoniaque. Jésus, lui, n'était pas Dieu incarné et
n'est pas réellement mort, car Dieu ne serait pas abaissé à s'incarner dans une chaire impure: il n'était en réalité qu'un envoyé de Dieu destiné à montrer aux hommes la voie du salut, c'est
ainsi que les cathares refusent le symbole de la Croix. Les cathares croient à la réincarnation jusqu'à ce que l'âme soit prêtre, après plusieurs vies terrestres, à rencontrer Dieu.
Bogomilisme, Xe siècle
Dû à Bogomil (prêtre bulgare du Xe siècle). La doctrine de cette hérésie considère que le monde est gouverné par deux principes, le Bien et le Mal, Dieu et le Diable. Tout
le monde matériel, y compris le corps, et considéré comme l'oeuvre du Diable, et donc voué au Mal. Seule l'âme est l'oeuvre de Dieu. En conséquence, ce mouvement condamne les rapports sexuels, le
mariage, et menaient une vie ascétique, s'abstenant en général de manger de la viande et de consommer de l'alcool.
Valdéisme, XIIe siècle
Cette hérésie tire son nom de Pierre Valdo, un marchant lyonnais (v.1140-v.1217). Promoteur de
la pauvreté, d'abord approuvé par l'Église, puis condamné en 1179. Cette hérésie rejette le culte des saints, le sacerdoce et la messe. Ont rejoint le protestantisme en 1532 et forme aujourd'hui
l'Église évangélique vaudoise, comprenant la majorité des protestants italiens: leur nombre en 2005 est de 45 000 fidèles (dont 30 000 en Italie et 15 000 en Amérique latine).
Condormants, XIIIe siècle
Groupe sectaire qui parut en Allemagne en XIIe et au
XVIe siècle, et qui dû son nom à l'usage que ses fidèles avaient de coucher tous ensemble, sous prétexte de charité. On dit que les premiers fidèles cette hérésies adoraient une image de Lucifer
et qu'ils en tiraient des oracles.
Hussitisme, XVe siècle
Dû à Jan Huss (v.1370-1415). Mouvement hérétique tchèque
s'opposant à l'autorité du Pape, la doctrine initiale de cette hérésie était de veiller au respect des commandements divins puis préféra se concentrer sur l'acquisition de positions et de pouvoir
sur l'accumulation des biens ecclésiastique. Aujourd'hui, l'Église Hussite compte 90 000 fidèles, essentiellement présents sur le territoire de la République tchèque.
Jansénisme, XVIIe siècle
Courant religieux et doctrinal, fondé sur les écrits de Jansénius. Il nie le libre arbitre de l'homme en insistant sur le rôle déterminant de Dieu dans le
salut des âmes. La Constitution Apostolique "Unigenitus Dei Filius", (le Fils unique engendré par Dieu), est une bulle pontificale promulguée par le Pape Clément XI qui renouvelle
la condamnation de cette doctrine. La morale janséniste et rigoriste et austère.
Quelques hérésies
modernes:
Mormonisme, XIXe siècle
L'Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours est fondée en 1830 par Joseph Smith (1805-1844), un envoyé de Dieu lui aurait révélé en 1828 que la première population de l'Amérique était
constituée de tribus d'Israël non mentionnées dans la Bible. L’histoire en aurait été consigné dans un livre écrit sur des plaques d'or par le prophète Mormon, dernier roi d'une de ces
colonies israélites. Ce livre aurait été traduit par Smith, chargé de rétablir l'Église dans sa pureté primitive. À la fin des temps, les tribus d'Israël se rassembleront autour de la Sion
d'Amérique (Salt Lake City, fondée par la secte après un exode épique au XIXe siècle) et le règne du Christ s'établira. Cette communauté compte 15 millions de membres, dont les deux tiers au
États-Unis. Les adeptes vivent une stricte morale, ils ont un sens aigu de la mission et versent 10% de leur revenus à leur Église. Pour propager leur culte, ils viennent par groupe de
deux et vont proposer la "bonne parole" par le porte-à-porte. Un mormon peut consacrer jusqu’à 20 % de son revenu au groupe, en plus d'heures de travail bénévole. Les
conceptions fondamentales des mormons sont très éloignées du christianisme dans le domaine théologique. Ils ne constituent pas une Église protestante dissidente (bien qu'issue de
protestantisme): ils rejettent par exemple la justification par la foi. De même, leur refus d'adhérer au Credo commun des chrétiens (ils contestent l'unicité de Dieu) les empêchent
d'intégrer le Conseil Œcuménique des Églises. Ils ne peuvent pas être considérés comme des
chrétiens.
Témoins de Jéhovah, XIXe siècle
Dû à Charles Taze Russel (1852-1916) est un mouvement sectaire chrétien fondé en 1870 est sujet à de nombreux scandales, notamment un célèbre:
en
1908, Taze Russel annonce la découverte d'un nouveau "blé" qu'il désigne comme étant miraculeux, ses apports nutritionnels seraient hors du commun, les fidèles l'achetèrent à prix d'or
(soixante fois le prix normal). Le siège de l'institution fera de nombreux bénéfices. La théologie fondamentale de ce mouvement se trouve dans une étude approfondie de l'eschatologie
(étude de l'Apocalyspe et des phénomènes de la fin des temps), elle se base sur la croyance d'une Terre éternelle, qui selon eux, ne sera jamais détruite. Par ailleurs, les Témoins de Jéhovah ont
annoncé la fin du monde à plusieurs reprises: en 1914 (d'après les Témoins de Jéhovah c'est depuis cette date que le Christ règne auprès de son Père), en 1918, 1925, 1931, 1969, 1975, 1986... Ils
s'appuient sur une Bible dont la traduction diffère des Bibles chrétiennes. Ils ne croient pas en la Trinité. Selon eux, Jésus serait une incarnation de l'archange saint-Michel devenu Dieu après
son baptême et il ne serait pas mort sur la Croix. Ils pratiquent une lecture de leur Bible très littérale. Les Témoins de Jéhovah, reconnu par beaucoup comment étant
une secte du fait de l'emprise sociale exercée
sur ses fidèles qui, eux mêmes endoctrinés, ont une vision rigoriste et bibliste. Les Témoins de Jéhovah se revendiquent du christianisme initial et leur doctrine sont issues en partie de l'arianisme et de l'iconoclasme et rejettent la conception de l'Âme. Ils sont aujourd'hui au nombre de 8 millions dans le monde. Par leur
règlement, ils sont obligés de faire du porte-à-porte dans un but de prosélytisme. Avec des techniques diverses et des documents issus de l'organisation, ils sont chargés de recruter de nouveaux
adeptes. Ils refusent la transfusion sanguine, le vote électoral et les engagements politiques et sociaux. Pour les Témoins dé Jéhovah, le salut vient d'une fidélité à leur interprétation de leur
Bible et non de la rencontre du Christ dans sa parole, dans ses sacrements, par le don de son Esprit. Les chrétiens ne les considèrent pas comme chrétiens.
La Rose-Croix, XXe siècle
Fondé en 1909 par Spencer Lewis aux États-Unis, où se
trouve son siège suprême, cet ordre déclare se situer dans la continuité des enseignements secrets de la Rose-Croix du passé, dont il fait remonter les origines aux "écoles de mystères" de
l'Égypte, de la Babylonie, de la Grèce et de la Rome antiques. Ce mouvement initiatique et fortement hiérarchisé, organisé en loges. Il s'inscrit typiquement dans le courant de la "gnose". Il
propose un savoir confidentiel permettant de vivre pour acquérir le bonheur, la paix, la connaissance. Les membres du groupe qualifient Jésus de "grand penseur", qu'il ne faut pas confondre
avec le "Christ", qui serait "un être extrêmement évolué qui s'est incarné plusieurs fois". Ce faux "Jésus", ni Dieu, ni Fils unique de Dieu, est un simple philosophe qui prend place à
côté de Bouddha, de Lao-Tseu.
Sédévacantisme, XXe siècle
Vient de l'expression latine "Sede
Vacante" ("le Siège de Saint-Pierre étant vacant"), qui désigne la période d'intervalle entre la mort - ou
la renonciation - d'un Pape et l'élection de son successeur. D'après ce courant intégriste et traditionaliste très minoritaire, c'est la situation dans laquelle se trouve l'Église depuis une
soixantaine d'années. Les sédévacantistes considèrent en effet que depuis la mort du Pape Pie XII, en 1958, il n'y a littéralement plus de Pape à la tête de l'Église, ses successeurs sont
considérés comme étant des usurpateurs, des hérétiques, qui foulent aux pieds la Tradition catholique. Ce mouvement rejette donc le Concile Vatican II (1962-1965) dans sa totalité, et prône un
traditionalisme rigoriste ainsi qu'un catholicisme identitaire, faible de substance. Les adeptes du sédévacantisme sont très présents sur internet et les réseaux sociaux faisant ainsi de ces
derniers leurs champs de bataille. De nombreux mouvements sectaires et schismatiques sont issus de cette idéologie et beaucoup d'illuminés ont prétendu être le Pape qui "sauverait" l'Église. Le
sédévacantisme engendre d'autres hérésies comme le sédéprivationnisme ou le conclavisme.
Sédéprivationnisme, XXe siècle
Idéologie issue d'un théologien français, Michel-Louis Guérard des Lauriers. Selon lui, les derniers Papes ne sont pas
pleinement Pape. Cette idéologie se distingue du sédévacantisme, dont-elle est partiellement issue, car on ne parle pas ici de siège vacant.
Conclavisme, XXe siècle
Désigne plusieurs petits groupes de sédévacantistes qui élisent au cours de "conclaves" un nouveau pape, estimant en effet,
que l'Église ne peut rester sans souverain pontife. Ces élections débouchent sur un certain nombre "d'antipapes" non-officiels: en 1963, Michel Collin "Clément XV", fonda le "petit Vatican" de
Clémery, en 1990 David Bawden, prit le nom de "Michel Ier", 1994 Victor von Pentz, "Lin II", Lucian Pulvermarcher, Pie XIII (fondateur de la True Catholic Chruch mouvement sectaire qui ne
survivra pas à son décès en 2009), ou encore Oscar Michaelli qui prit le nom de Léon XIV. Ces usurpateurs disposent d'un faible nombre de fidèles et agissent principalement sur internet
(caractéristique expressive du sédévacantisme). De proportions bien différentes en revanche, l'Église "chrétienne" palmarienne et le seul mouvement conclaviste à ce jour à avoir réussi à
rassembler autant d'individus en une même Église hérésiarque distincte.
L'Église chrétienne palmarienne, XXe siècle
Église sectaire et schismatique, issue en partie du sédévacantisme et du conclavisme, est fondée en 1978 à Palmar de Troya en Espagne par Clemente y Gomez qui se proclame Pape après la mort de Paul V. Il prétend avoir reçu de la Vierge-Marie des visions lui indiquant être l'élu de Dieu. Son mouvement engendra bien des scandales, détournement de fortes sommes d'argents, viols, attouchements et d'autres sordides affaires. Ils ont leurs propres traductions de la Bible, leurs propres liturgies et leur propre papauté, Pierre III en est l'actuel souverain. Ils disposent aussi d'une gigantesque basilique à Palmar de Troya, en Espagne, réputée pour son luxe et ses fastes disproportionnés. L'Église exerce une emprise sociale et financière sur ses fidèles et multiplie les interdits, elle est accusée de pratiquer l'occultisme et d'autres "sciences" ésotériques. La secte palmarienne compte approximativement plus de 2 000 fidèles, les croyants ayant massivement quitté l'Église depuis plusieurs années, des suites des nombreux scandales répétitifs. En ce qui concerne la "papauté" palmarienne, elle compte à ce jour quatre "Pape": Clémente y Gomez "Grégoire XVII", de 1978 à 2005, Manuel Corral "Pierre II", de 2005 à 2011 Sergio Maria "Grégoire XVIII", de 2011 à 2016 et actuellement Markus Odermatt, Pierre III.
À jour: le mercredi 17 novembre 2018